La vie de château
A la fin de l'hiver 1972, après deux mois de siège et d'intenses pourparlers où nous fumes finalement contraints de céder tantes et cousines, la flotte de l'Amiral rejoignit la haute mer. Cela ne réjouissait personne. Les recettes de nos tantes n'étaient pas inoubliables mais la cuisine des rescapés plongea Grand-Père dans une profonde apathie. Cela l'empêchait de garder la tête haute et de régenter la vie au château aussi mon père lui succéda-t-il malgré lui. Le siège de la forteresse avait entamé nos réserves, la cérémonie fut donc réduite à sa plus simple expression. Mais pour marquer son nouveau pouvoir, Père réattribua à chacun les appartements et les charges laissés vacants par les otages de l'Amiral. J'héritai donc de la bibliothèque et du titre un peu ronflant de "Capitaine à lunettes", laissé à mon intention par le valeureux cousin Michel mangé en fin de siège par des pirates impatients. J'appris donc à lire et à écrire une seconde foi